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Sur la piste de Thanna...
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Sur la piste de Thanna...
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6 juillet 2006

Le langage...

Les enfants font confiance au langage. Ils sont ouverts au pouvoir et à la beauté du langage, ce en quoi ils diffèrent de leurs aînés dont la plupart s’imaginent avoir percé le secret des mots, de sorte qu’une grande part de magie leur est perdue.
La Création dit à l’enfant :  « Crois en cet arbre, car il a un nom. »

N. SCOTT MOMADAY
« Les Noms »
Extrait


Dans le monde de l’homme blanc, le langage et la conception qu’il en a forgée, le langage donc, a suivi un processus impliquant de nombreuses variations. L’homme blanc considère les mots et la littérature comme des choses allant de soi, et c’est bien normal de sa part puisque, dans son univers, rien n’est plus banal. De tous côtés, les mots l’environnent, des millions de mots en une succession infinie de brochures imprimées, de lettres, de livres, de notes, de bulletins, de commentaires et de conversations. À force de diluer le verbe, il l’a multiplié, et les mots ont commencé à l’encercler de toutes parts. Il en est tellement repu que le voici devenu comme insensible ; sa considération pour le langage – et donc pour le verbe lui-même – en tant qu’instrument créatif s’est tant amenuisée que le voici presque parvenu au point de non-retour. Peut-être même périra-t-il par le verbe. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi, ni avec lui, ni avec vous. Considérez un seul instant l’exemple de cette vieille femme kiowa, ma grand-mère, dont l’usage de la langue se trouvait réduit à l’oralité. Eh bien, soyez certain que l’attention qu’elle prêtait aux mots s’apparentait à des remèdes ; ils étaient magiques et invisibles, ils surgissaient du néant et se transformaient en sonorités, en significations. Ils étaient inestimables : on ne pouvait ni les acheter ni les vendre. Et croyez bien qu’elle a toujours pris garde de n’en pas gaspiller un seul.

N. SCOTT MOMADAY
«L’homme fait de mots»
Extrait


À chaque nouvelle publication depuis La Maison de l’aube, prix Pulitzer 1969, N. Scott Momaday, Indien kiowa, confirme sa place de premier plan parmi les auteurs amérindiens mais aussi américains, Professeur de littérature à l’université de l’Arizona, peintre, dramaturge, N. Scott Momaday est souvent appelé à donner des conférences dans le monde entier.




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Commentaires
K
C'est vrai que les mots nous semblent naturels, mais pourtant, il suffit de s'arrête pour s'y pencher et c'est le tourbillon sans fin! <br /> Un jour je m'y suis penchée. Aujourd'hui, je chute encore dans ce puits de mystère qu'est le langage!
Y
Trouver le juste mot et qu'il soit entendu... l'équation magique...
S
Accorder ce même soin aux mots, cette même attention et chérissement parce que l'image les menace...
N
"Et croyez bien qu’elle a toujours pris garde de n’en pas gaspiller un seul" être capable de ne pas gaspiller un seul mot ... c'est ce que faisait mon père ! Admirable, mais très difficile. Je ne suis même pas sûre de vouloir essayer. Et puis il a épousé une intarrissable bavarde !<br /> <br /> J'ai aimé "Le chemin de la montagne de pluie", merci Thanna de nous donner ces mots de Navarre Scott Momaday.
Y
juste... OUI.<br /> :-)
Sur la piste de Thanna...
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