Portrait esquissé (suite)...
À Ségolène... In extremis...
Nina ne craignait pas les serpents, au contraire.
Pourquoi au contraire ? lui murmura une petite voix intérieure.
Ils ne m’ont rien fait. Bien que… Nina resta songeuse.
Bien que quoi ? reprit la petite voix.
Nina n’avait pas besoin de fouiller bien loin, tout était encore en surface dans sa mémoire. Pourquoi sa mère avait-elle si peur des serpents ? Le mot, lui-même, était interdit. Quant aux images, n’en parlons même pas.
Si, parlons en justement...
C’était terrible, Nina parla à haute voix.
Tu peux m’en dire plus, susurra la petite voix.
Une fois de plus, sous le coup de l’émotion, Nina resta muette – sans parole – pire sans mot.
Alors, dessine…
Mais la main aussi se trouvait paralysée.
Que dire d’une mère dont la seule évocation d’un serpent, la faisait sombrer dans une crise que Nina mit tant d’années à nommer crise de folie.
Crise de folie, tu y vas un peu fort, non ?
Il n’y avait pas que les serpents, l’orage aussi.
Tu veux dire que les serpents et l’orage la rendaient folle.
Oui, enfin elle n’était plus elle-même, elle sortait de ses gonds.
On dit ça d’une porte !
Oui, c’est ça, une porte qui claque alors qu’on y a laissé ses doigts.
Ouille ! Ça fait mal.
Ça fait très mal.
Et après ?
Ça laisse des cicatrices.
Les serpents et la foudre peuvent être mortels…
La vie a été plus forte. D’ailleurs… Nina aime les serpents comme tous les autres animaux… Nina aime aussi l’orage.