À Argile rouge…
…« Il faut pour parvenir à l’harmonie une persévérante concentration. Elle ne vous attend pas les bras ouverts. Il faut la désirer ardemment pour se libérer de tout support extérieur et s’abandonner en tout amour et toute humilité. Il faut se perdre dans tout pour se regagner soi-même. Aussi longtemps que l’on regarde en arrière, on reste perdu, effrayé, pauvre et mécontent. Mais une fois que l’on ne désire plus cette unité, l’harmonie protectrice vous enveloppe et toute crainte est bannie. On se sent immensément fort, libre et simplifié, non pas parce que l’on est soi, mais parce que l’on est cela. Éveillé ou endormi, on sent tout son être baigner dans cet esprit universel que seul peut décrire le mot « amour », un amour que l’on ne cesse d’éprouver, un amour si grand et si durable que l’on peut se répandre soi-même en pensées de tendresse sur le monde entier. »…
Extrait p. 67
…« J’aimais cet endroit que personne ne connaissait et je m’y rendais souvent, car ce que je demandais (et que j’étais venue si loin chercher), c’était de me lier d’amitié avec le monde qui m’entourait, de mieux le comprendre. Seule dans le silence attentif et la beauté de cette solitude, j’arrivais quelquefois jusqu’à ses abords. Étendue tout de mon long, le cœur pressé contre cette terre rouge, le front contre les pierres, je n’éprouvais pas seulement un contact physique ; car ainsi allongée, je sentais que j’étais, moi aussi, faite de cette même terre que je touchais et aimais, composée des mêmes éléments qui font les rochers, les arbres ou les étoiles aussi bien que les oiseaux et les bêtes ; je me sentais plongée dans ce profond amour et cette union à la terre, et découvrais que c’était en même temps une union avec son esprit. Cet arbre gris et argent qui, à la tombée du jour, prenait une couleur aussi douce que la lumière sur les ailes du ramier, m’absorbait sous son ombre ; et sur tout cela répandu comme un baume, régnait l’enchantement d’un repos absolu. »…
Extrait p. 145
Un thé chez les éléphants
Vivienne de Watteville
(1900-1957)
Petite Bibliothèque Payot
Voyageurs (N° 385)
Comment ne pas être persuadé que le TEMPS n’est qu’une illusion !...
Ce texte, Vivienne te le dédicace, et pour cela a trouvé mon esprit et ma main pour te transmettre ce message…