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Sur la piste de Thanna...
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Sur la piste de Thanna...
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8 mars 2006

Vert...

L’enfer vert se dressait devant lui. Les arbres s’élevaient jusqu’aux cieux. Le soleil pénétrait à peine ce mur de végétation. Dans l’épaisseur de la forêt, ils scintillaient plus d’yeux que de gouttelettes d’eau après une pluie tropicale.
Nuaj se déplaçait en posant, l’une après l’autre, chaque plante du pied à plat sur le sol, attentif au moindre bruissement de ce paysage sonore. Tous ses sens s’étaient inversés, il voyait avec ses oreilles, touchait des yeux et humait l'air avec ses mains. Il vivait dans une autre dimension depuis son initiation. Le rite avait marqué le passage du garçon à l’homme qu’il était devenu. L’épreuve avait été terrible. Abandonné, les yeux bandés, pieds et mains liés, livré aux bêtes sauvages qui rôdaient tout autour, il devait sa survie à un cri. Un cri surhumain sortit de ses entrailles et du fond des temps. Il avait hurlé à faire trembler la terre, cette déesse maternelle et sacrée, qui l’avait laissé en vie. Il s’était épuisé dans toutes les contorsions de son corps et avait réussi à se libérer de ses liens grâce à ses muscles endurcis. Il faisait presque nuit lorsqu’il avait ôté le bandeau de ses yeux. Il crut voir deux lumières, deux pierres d’ambre et pensait avoir la fièvre ou être la proie d’hallucinations.
Il se confectionna un hamac avec quelques feuilles de palme et une liane où il s’endormit au milieu d’une cacophonie effrayante. Cette nuit-là, comme toutes les autres nuits, il rêva. Dans ses rêves, il avait accès à la connaissance, tout lui était révélé. Cette nuit-là, il marchait dans la forêt qui s’ouvrait devant lui, il percevait l’issue et se dirigeait dans les ténèbres sans hésitation. À ses côtés, une silhouette glissait furtivement dont il sentit le souffle sur ses jambes.
Le souffle était remonté à son front, suivi du contact humide d’une truffe. Il entrouvrit les yeux et vacilla du rêve à la réalité. Immobile et consentant, au-delà de toute peur, il reçut le baiser de la onca negra, la panthère noire, son animal totem dans le monde des vivants. Son cœur se dilata et il crut mourir d’émotion. Cette scène se déroula sous le regard fixe d’un magnifique anaconda jaune et luisant. Les couleurs de la nature se déployaient du noir au blanc, en passant par les couleurs de l’arc-en-ciel qui se reflétait sur la cascade.

 

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Commentaires
D
Ce texte évoque en moi une sensualité du premier age des hommes, la nature y est brute et belle comme je l'aime...<br /> Cette description me fait penser à la naissance.<br /> Lorsque mon fils ainé à vu le jour le 24 Aout 1997? mes parents m'ont offert un livre magnifique aux éditions de la Martinière sur les bébés et la naissance dans le monde.<br /> <br /> <br /> Ce texte me fait penser à une photo, une jeune femme vient d'accoucher au Cameroun, l'enfant est à coté d'elle sur une feuille de palier de la meme taille que le bébé.<br /> <br /> Cette photo, est remplie d'émotion...<br /> Celle de la jeune maman face à la vie qui jaillit d'elle dans une nature luxuriante et brutale!<br /> <br /> Merçi<br /> Dahud
K
Merci pour cette excursion âpre au cœur de la jungle.
Sur la piste de Thanna...
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