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Sur la piste de Thanna...
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Sur la piste de Thanna...
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13 février 2006

Une infinie consolation…

Festival Étonnants Voyageurs – Saint-Malo – Mai 2004
Rotonde Surcouf – Palais du Grand Large
Carnets nomades (France Culture)

Je suis arrivée en retard. La salle était comble. J’entendais une voix.
Je me suis assise par terre, dos à la mer, en face et loin de celui qui parlait.
J’ai écouté l’histoire de son étonnante vie de « nègre blanc », comme il le disait, de son attachement à Haïti, sa « terra dolorosa », de son amour pour sa « princesse » de mère qui l’a enfanté à quatorze ans après le viol commis par un riche et vieil américain pris d’un « démon de minuit ».
J’étais bercée et sans défense par cette voix chaude et profonde, parlant un français parfait avec un accent coloré et racontant sa vie avec tant d’émotion. J’ai commencé à pleurer tout doucement sans m’inquiéter, cela allait s’arrêter. Une demi-heure plus tard, la source était intarissable.  Autour de moi, tous se sont levés, je me sentais si fragile. Certains se sont dirigés vers la gauche, les autres vers la droite. Et moi, je restais plantée au milieu, seule et en larmes. Au loin, il était là. Comme transportée par un raz-de-marée, je me suis retrouvée à ses côtés. Il ne me voyait pas, il parlait à une jeune femme qui m’a regardée. Il s’est tourné vers moi et il m’a vu. Je n’ai pas pu dire un seul mot. Il a ouvert ses bras, je me suis jetée dedans. Il les a refermés sur moi en me disant : merci, merci, merci !... Cela a duré une éternité... Il a rouvert ses bras. Je suis partie guérie après avoir reçue une infinie consolation...
J’ai cherché et j’ai demandé : « Qui est cet écrivain haïtien ? »
Quelqu’un m’a répondu : « C’est Frankétienne, le doyen des écrivains haïtiens mais aussi peintre, acteur…
Le lendemain, avec toute une foule qui était là pour l’entendre, j’ai beaucoup ri. À la fin, il nous a chanté une chanson vaudoue en mémoire de sa mère, prêtresse vaudoue.
J’ai quitté Saint Malo et j'ai débarqué à Paris avec dans mon baluchon, une infinie consolation et une belle dédicace :
« Au nom de tout ce qui nous rapproche. Pour la sensibilité qui nous permet parfois de flairer l’essentiel. »

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Commentaires
K
C'est toujours si troublant de se laisser toucher une corde sensible par un inconnu, n'est-ce pas?<br /> Et c'est là que l'on se dit : nous sommes si proches, si proches les uns des autres. <br /> Je ne saurais jamais dire comme il faut ce mystère, cet immense paradoxe : nous sommes tous si vertigineusement différents les uns des autres et pourtant si semblables!
T
Oui, Nessy ! L'amour sous toutes ses formes c'est beau et puissant ! Une vraie force... Je trouve qu'on ne témoigne pas assez des choses magiques de la vie.<br /> Je te remercie Nessy de partager avec moi ce cadeau que j'ai reçu ce jour là.
N
Toi, tu parles d'amour, c'est tellement beau !
D
Paris gris. La nuit est encore là. Et je pars vers la foule du métro avec dans le coeur cette petite goutte pour la soif, l'assurance que nous sommes tous en lien...l'essentiel est si peu de chose et une chose si dense. Légereté, le printemps n'est pas loin. Je le flaire ce matin.
O
Saint Malo... Rien que le nom fait rêver, prendre le large...
Sur la piste de Thanna...
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