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Sur la piste de Thanna...
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Sur la piste de Thanna...
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10 mai 2006

Une page nue pour réécrire l'HISTOIRE...

« Mémoires de la traite négrière,

de l’esclavage et de leurs abolitions»


portebleue
Ile de Gorée "la porte bleue"
© thanna

G O RÉ E
Reine des eaux tumultueuses
Sur ton trône de granit
Tu surplombes l’Océan
Et mes yeux te voient parsemé de rêves
De rêves brisés, brisés sur tes galets
Car là-bas dans un pays de la diaspora
Un homme abreuvé de Dieu
Cherche parmi les âges
À renouer le cordon ombilical
Il se souvient d’un matin maculé d’exil
D’une île où le soir résonnent les « assiko »
Qui ne rappellent en rien ses koras du Mandé
Il se souvient du roulis saccadé des eaux
Où glissent les négriers
Des horizons sans fin
Rouges de sève d’innocence
Il se souvient de sa douleur
Gravée sur l’écorce du temps
De sa douleur heurtant la nuit
Au fond des solitudes
Et vomissant le dégoût accroupi dans ses reins
Alors il s’écrie :
Hommes de ma terre
Hommes blancs
Hommes jaunes
Hommes rouges
N’y a-t-il point des hommes bleus
Comme l’espoir ?
Des hommes au cœur justice
Sans race, sans continent ?
Je suis en tous points semblable à mon frère
Le soleil de mon Dieu
Est un soleil pour tous
Les vertus de mon Dieu
Sont en toute créature
Pourquoi voulez-vous
M’enlever ma semence ?
Laissez-moi sortir de terre
Bourgeonner et fleurir,
Que mes fruits éclatés
Nourrissent la faim du monde
Laissez-moi m’ouvrir
Au souffle des quatre vents, qu’il gonfle
Ma robe noire étendard de PAIX
Je suis né au pays
Où je devais naître
J’étais un nénuphar
Sur les eaux de ma terre
Me berçaient les matins d’espoir
Au souffle de légendes
Maintenant je suis l’absent des Grands Jours
Sevré des résonances des koras et des dioungdioung
Je suis l’absent des veillées
Où naissent nos élans
L’absent des danses initiatiques
Dans nos forêts sacrées
L’absent des serments d’honneur
Sous l’arbre à palabre
L’absent des exploits guerriers
Gravés dans la mémoire sans âge
De Dialy le griot
Je suis L’ABSENT
Et je ne peux plus compter mes jours d’absence
Mais à l’humanité
J’OFFRE
La lumière incandescente de l’esprit des âges
Fécondant la sagesse
La genèse d’un cauchemar
Mutilé et muselé
Un hymne solitaire
Sur mon chemin de croix
Des brassées de rêves
Berçant à l’envers le souffle du destin
La cendre de mes projets
Brûlés dans le silence des prières
Une outre de sueur et de larmes
Puisée sur les sillons de l’exil
Un sourire apaisé au soir de ma vie
Un cœur que Dieu arrose pour un perpétuel Pardon
Une page nue pour réécrire
L’HISTOIRE
Où j’épouserai l’AMOUR pour des noces éternelles.

FATOU NDIAYE SOW
Extrait de FLEURS DU SAHEL (NEA 1990) Dakar


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Commentaires
N
des humains bleus ou verts couleur de l'espérance !<br /> <br /> Gorée, c'est pour moi l'île d'un prince aux mains qui volent comme les ailes d'un oiseau, un prince qui fit se lever 10 000 humains un soir au son de son djembé. C'est l'île de Nabi M'Bodj.
S
En ces temps d'homophobie qui menace...il est bon de se souvenir, de porter en nous ces histoires, de les retransmettre comme tu le fais...
J
c'est un texte é mouvant, plein de sensibilité. Reflet de la pensée d'une femme, d'un homme, de toute une terre. Ensemble réécrivons les pages du grand livre de la vie, profitons des erreurs et enseignements passés pour ne pas recommencer et évoluer. J'offre mon coeur à la femme de ma vie, mais aussi à travers ce que je fait au reste de l'humanité. Participons tous ensemble à vivre en communauté. J'aime la vie, j'aime l'humanité, et je veux croire en avenir joyeux.
D
Au poëte pour ces lignes généreuses qui transcende la souffrance et la transmute. Gorée, j'étais bien jeune quand je l'ai visitée et malgré ce passé de douleur, je ne voyais que la mer si bleue, les ruelles ocre, les sénégalaises rieuses et le soleil de cette journée. C'était mon 1er séjour en Afrique.
Sur la piste de Thanna...
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