Rouge...
Le soleil rouge plonge dans la rivière et ensanglante les galets.
Ce spectacle coupe la respiration et fouille la mémoire.
Sauvages et beaux, ils courent, à en perdre le souffle, dans ce paysage grandiose de cimes, de pentes et de plaines.
La nature ne se lasse pas de les contempler. Ils sont libres, comme leurs chevelures qui tombent en cascade, elle, jusqu'en bas des reins, lui, au milieu du dos. Elle bondit comme un animal gracieux, il la poursuit tel un animal fougeux.
Un tronc d'arbre couché au bord d'un abîme fige leur élan. Serrés l'un contre l'autre, le temps suspendu comme les goutelettes de sueur sur leur peau cuivrée, ils se moquent du danger. Leur regard se jette dans le vide et cherche le serpent du fleuve tapi au fond du précipice.
Ils sont saisis par la même intuition, leur soupir trahit la même émotion. Ils perçoivent les vibrations du lieu sacré, hanté par les sacrifices.